Sainte Monique – Histoire

Histoire de la chapelle Sainte Monique
Raconté par Madame DOUYER
(06/09/2016)

Autrefois, bien avant JC, juste après les dinosaures, mes parents Guy et Monique DOUYERE cherchaient à loger leur grande famille ( six enfants).
Sans être riches ils jouissaient d’une aisance certaine – Guy DOUYERE était secrétaire général de l’usine de Quartier Français, son beau-frère Maxime Rivière en étant PDG, leur beau père en était, lui, propriétaire – mais bien sûr, avec six enfants, ils comptaient.

A cette époque, lointaine déjà, trouver quelque chose à St Denis n’était pas facile, et c’était surtout hors de portée financièrement parlant puisqu’il fallait un vaste logis. Les parents ont donc choisi de construire, restait à trouver le terrain adéquat; comme les habitants des favellas à Rio, ils ont été refoulés sur les hauteurs et ils ont acheté au premier endroit à portée de leurs finances : à Bellepierre. Alors il n’y avait qu’une banlieue : la Montagne; ailleurs c’était des broussailles ou de vagues champs de cannes.
La famille DOUYERE a été la première à s’installer à Belle Pierre (en deux mots à ce moment). Ils ont acheté un terrain plutôt grand (morcelé aujourd’hui en quatre propriétés) et ils ont construit sur un plan de Monique DOUYERE une vaste demeure pour toute la famille.

De nos jours c’est devenue une zone très peuplée, une banlieue plutôt chic. Pour acheter à Bellepierre il faut avoir des sous, mais à l’époque, c’était le refuge des « pauvres », des gens pas assez fortunés pour habiter Saint Denis ou la Montagne. Pour nos proches mieux lotis nous habitions Aure-d’lssy-sur-l’Eurre ; ils disaient, me vexant profondément, qu’il fallait avoir un passeport pour venir chez nous….. Aujourd’hui ils me disent avec dépit : « si autrefois il fallait ne pas avoir de sous pour habiter là, maintenant il en faut . . . ».

Pour nous ce n’était pas si loin : il y avait peu de circulation et il ne fallait que sept minutes pour descendre à St Denis ; mes parents disaient que lorsqu’ils voyaient l’avion se poser, ils avaient le temps d’arriver à Gillot **pour récupérer les passagers, c’est dire si nous nous sentions proches de tout…..

Le dimanche la messe était dite à l’Assomption tôt le matin; cela ne nous posait pas de problème, mais les parents, à chaque fois étaient touchés d’y retrouver des personnes – pieds nus, chapeaux – venant à pieds du Brûlé et des pentes de Belle Pierre.Pour eux, venir à la messe représentait un gros dérangement; bien sûr ils ne faisaient pas que cela : ils allaient aussi au marché vendre leur petite production ( les bouquets-la-tête par exemple ) et acheter ce qu’il leur fallait, mais ce déplacement à pieds était néanmoins conséquent.

Bellepierre s’est construit peu à peu, et, assez tôt on a vu naître la SIDR ( là où il y a l’école maintenant). Monsieur Mayer – cadre de l’imprimerie Cazal – y avait une villa, et, il a offert son garage pour qu’y soient célébrées des messes. Rapidement, d’autant que se construisait maisons et cités, le garage s’est révélé trop exigu et c’est alors que Guy DOUYERE a entrepris d’installer un vrai lieu de culte à mi-pente pour que le plus grand nombre puisse assister aux offices. Sur un délaissé des terrains Frappier de Montbenoit une chapelle a été édifiée grâce aux cotisations de tous, et aux ouvriers de l’usine de Quartier Français qui prenaient sur leurs congés pour travailler. Ils étaient croyants et tous volontaires. Leur chef d’équipe était M. Noél GABARET ( il a construit aussi la maison de Guy DOUYERE)
Guy DOUVERE a dédié l’édifice à la sainte portant le nom de sa femme qu’il voulait honorer. Il a offert l’autel en tamarin. La statue de la sainte a été offerte par un paroissien.

Madame PAYET, épouse du propriétaire de Quartier Français et mère de Monique DOUYERE a offert le ciboire réalisé à partir de bijoux anciens fondus.
La table de communion** a été réalisée à partir de balustrades en fer forgé rescapées du Guetali de la maison de famille PAYET ( angle rue Mal. Leclerc et rue de Paris à St Denis, là où Monique DOUYERE est née ); maintenant la table de communion n’existe plus et se trouve pour partie chez Ginette, le reste étant chez nous.

La cloche** vient de l’usine de Quartier Français : lorsqu’elle a été décrochée à l’usine, Guy DOUYERE n’a pas voulu qu’elle disparaisse au milieu de rebuts: il l’a récupérée et installée à l’entrée de sa maison, puis il l’a offerte à la chapelle afin que continue à vivre ce symbole ancien du travail ( elle rythmait les quarts à l’usine).
C’est ainsi que ce bâtiment modeste est marqué par l’histoire de ceux qui l’ont voulu : ils y ont mis ce qui avait du prix pour eux!
Très longtemps – jusqu’au Père Antaya – les sacrements ont été délivrés à Ste Monique et les fidèles en étaient très heureux (mariage ou obsèques avaient grande allure ) car cela avait lieu chez eux, et pas dans une église que la plupart ne connaît pas et ne fréquente pas.
Pour beaucoup la Source ça ne veut pas dire grand chose et cela rend anonymes des célébrations pourtant uniques.
Tous regrettent ce temps où la chapelle était aussi vivante qu’eux.

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Gillot : en ce temps-là on faisait le tour de la piste par Mapérine et l’aérogare était côté mer; c’était le temps des magnifiques Superstarliners!
La table de communion, je crois que vous n’avez pas connu; pour nous, c’était important et pouvoir l’offrir était un « cadeau du ciel ».
Celle-ci venait d’une maison de famille, là où était née l’épouse du réalisateur de la chapelle.
La cloche : quand je vous en ai parlé, pour moi sa valeur était une évidence
( d’autant qu’elle était bénie ) mais, pour vous ????? vous aviez l’air complètement atone, alors j’explique!
** vous êtes si jeune que tout ça n’évoque pas grand chose pour vous…….

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